De l’Antiquité à la Renaissance, la Terre a été vue comme un grand vivant, ou, plus précisément, comme une grande vivante. Une mère nourricière qui porte la vie en son sein ; même les minéraux étaient considérés comme des produits vivants qui poussaient dans le ventre de la Terre et s’y régénéraient. À cette image positive d’une mère bienveillante, de fortes contraintes morales étaient associées : on ne poignarde pas sa mère, on ne lui perce pas les entrailles pour en extraire de l’or, on ne mutile pas son corps…
(Carolyn Merchant, The Death of Nature. Women, Ecology and the Scientific Revolution, 1980)

Ce projet photographique propose de rendre compte d’une recherche, déjà engagée, sur le thème de la mémoire, de la femme et de l’environnement.

Par l’investigation nocturne d’un territoire lié à l’histoire des femmes de ma famille, il propose une réflexion sur les associations familières faites entre la nature et la féminité et les caractéristiques communes les liant socialement et historiquement : l’émotion, l’angoisse, le partage, le soin et l’empathie.

L’approche plastique de cette série photographique concentre l’utilisation de la nuit comme matériau, la lumière de la lune liée depuis l’antiquité à la féminité révélant les images de cette nature personnifiée par la femme-montagne, veillant sur le village et ses habitant.es.

Ce travail témoigne avant tout d’une volonté de s’inscrire durablement dans le champ de l’éco- féminisme par le prisme de trois sujets liés à ce mouvement: la vision relationnelle, l’importance accordée à la mémoire et l’approche narrative des questions éthiques.